Avec ou sans pancartes, là est la question!
Je m’appelle Nadine Viau et j’ai pris la grande décision cette année de me présenter en politique municipale. Mon nom ici n’a que très peu d’importance, puisque comme moi, il y en a des centaines actuellement à travers le Québec.
Alors que les pancartes commencent à apparaître un peu partout pour en ajouter à celle des élections fédérales actuelles, j’ai envie de partager ma réflexion sur ce geste.
Encore là comme bien d’autres, je mets en premier plan dans notre proposition des solutions pour répondre aux enjeux environnementaux et je me retrouve avec mon équipe devant un conflit de valeurs profond. Avec ou sans pancartes pour la campagne? Là est la question.
Dans un monde de perception où l’image est plus que jamais importante, dans une course contre la montre de 51 jours de campagne pour nous faire découvrir à une population de 25 000 habitants qui nous voient sortir d’une boîte de Cracker Jack. Dans un contexte où 5 partis politiques courtisent ces mêmes électeurs, où notre journal local, comme nous, aimerait être lu de tous, où les réseau sociaux font aussi une approche intéressante, mais incomplète, où les appels robotisés sont une option, mais peu attrayante de plusieurs, où les bénévoles sont une denrée rare… on se fait connaître comment en 2021?
Il me semble qu’une loi devrait être mise en place pour interdire cet affichage et que des lieux devraient être ciblés pour permettre un espace partagé de visibilité à des endroits clés de la ville à tous ceux qui se présentent. C’est cyclique, on devrait trouver une solution. Cette proposition donnerait les mêmes chances à tous de se faire connaître, permettrait à tous les candidats de miser sur leurs idées plutôt que de courir après l’argent qui servira à imprimer ces immenses affiches en Coroplast.
Je vous écris cette idée après avoir passé une nuit blanche le 17 septembre dernier à installer ces affiches avec plus de 25 bénévoles ninjas et leurs lampes frontales. C’était un passage obligé que nous avons vécu parce que de ne pas y être alors que les autres choisissent de le faire serait une grave erreur dans ce monde d’apparences.
Nous avons choisi de faire imprimer des pancartes avec nos immenses visages. En 48 heures, force est de constater qu’elles nous font vivre comme parti politique. Les gens nous voient, nous le disent et en parlent. Les gens nous disent même que la campagne fédérale a eu très peu d’écho ici, par le manque de pancartes dans la ville. C’est dire à quel point nous nous sommes créé en société une habitude à défaire.
Nous avons choisi les pancartes cette année. Nous avons fait naître un parti politique. Nous avons envie que les gens parlent de nous et nous questionnent sur nos idées. Nous avons sorti les statistiques de superficie moyenne d’affichage utilisée en mètre carré et nous avons choisi d’en faire moins que la moyenne. Nous avons décidé que chaque pancarte qui serait imprimée aurait l’obligation d’une deuxième vie. Nous avons un artiste, des garderies et des écoles en attente du matériel, même des citoyens qui veulent isoler des planchers ou autre font la file pour accéder à notre matériel après le 7 novembre. Un mal pour un bien, mais ce n’est pas suffisant.
Si on met en valeur notre intelligence collective, nous allons trouver une solution tous ensemble à ce problème récurrent. Donnons-nous ce devoir de communauté de faire les choses autrement.